Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : ma numismatique
  • ma numismatique
  • : Mon blog illustrant les divers domaines de la numismatique qui me passionnent le plus.
  • Contact

Dernière Mise à Jour

aff image.asp

Mercredi 01 Février 2023

compteur de visites html">

Visiteurs

15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 17:32

LES MONNAIES SASSANIDES


Dinar d’or du premier souverain Sassanide ARDECHIR 1er
Ø 16 mm, 4,03g


L’objet de cet article est une modeste initiation, une présentation simple, du monnayage des Sassanides, l’empire qui succède à celui des Parthes. Dès les premières frappes, la typologie se distingue très nettement du style parthe, si caractéristique. Frappé principalement en argent, les représentations y figurant sont souvent assez semblables, répétitives et peuvent dérouter et décourager le numismate curieux. Sans oublier les légendes en caractères pehlvi qui nécessitent une bonne documentation. Voici quelques bases pour aborder ce monde exotique.


À l’origine …

Après 3 siècles de conflits avec Rome, le royaume parthe est affaibli.

Dans le Fars, Ardéshir, gouverneur de Darabgerd, issu d'une famille noble, a commencé à soumettre par la guerre les roitelets voisins depuis 211. Il poursuit l'unification de l'Iran et sommé par Artaban V de rentrer dans le rang, il le défie et la rencontre a lieu à Hormizdaghan, près de Suse en 224. Ardéshir triomphe des Parthes, Artaban est tué, et la majorité de l'aristocratie se rallie à sa cause. C'est la fin de la dynastie parthe.

Cette nouvelle dynastie est issue de la ville d’Istakhr, près de Persépolis, ancienne capitale des Perses. Un très important sanctuaire du feu consacré à la déesse iranienne Anahita y est situé. Les grands prêtres du temple sont également chargés de l’administration de la région et la charge étant héréditaire, ils appartiennent tous à une même famille, descendante d’un légendaire ”Sasan”, fondateur du temple et descendant lui même du dernier roi achéménide, Darius III, défait par Alexandre le Grand, d’où leur nom de sassanides, qui signifie ”descendant de Sasan”.

C’est donc en 224, avec la victoire d’Ardéshir 1er sur le roi Parthe Artaban V que débute véritablement l’empire Sassanide. Après une rapide conquête du royaume Parthe, Ardéshir 1er est couronné en 226 « roi des rois de l’Iran » à Ctésiphon (entre Tigre & Euphrate).

Trois grandes périodes pour cet empire qui s’étire de la fin du IIe siècle jusqu’à la conquête arabe en 651 :

Les IIIe et IVe siècles correspondent à la constitution et au développement de l’Empire par les premiers souverains,

Le Ve ainsi que le début du VIe siècle marque une pause dans l’expansion de la dynastie, voire un certain déclin en partie dû aux Hephtalites,

Les VIe et VIIe siècles sont marqués par le règne de Khosroès 1er qui donne un renouveau à la dynastie qui déclinera petit à petit à nouveau à partir de sa mort.

L’empire sassanide est l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de 400 ans et son territoire s’étend sur l’Iran, l’Irak, l’Arménie, le Caucase sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental et quelques fragments de la Turquie et de la Syrie entre autres.

Généalogie des souverains Sassanides


Le fils d’Ardéshir 1er que nous connaissons sous le nom de Shahpur 1er poursuit l’expansion de l’empire en conquérant la Bactriane et une partie du royaume des Kushans. Shahpur 1er est un roi cruel ; on en reparlera plus tard.

Quelques grands souverains sassanides :

Shahpur III - Roi de 383 à 388. Il conclut une trêve avec Rome qui sera respectée jusqu’au début du IVe siècle.
Yazdguard 1er - Roi de 399 à 420, fils de Shahpur II ou de Shahpur III. Il s’était attiré la haine du parti clérical par son équité en matière religieuse d’où son surnom de bézé-guèr, “le pêcheur”. Procope parle de sa magnanimité et de ses excellents sentiments. Sa mort est mystérieuse : il aurait été tué par un cheval qu’il essayait de seller.
Vahrâm V - Roi de 420 à 438, fils de Yazdguard Ier. Surnommé Ghûr, “l’onagre” en raison d’un exploit de chasse. Il battit les Hephtalites qui menaçaient les frontières nord-est de ses États et avait envahi la Bactriane. Les persécutions de chrétiens pratiquées sous son règne entrainèrent la guerre avec l’empire byzantin ; mais de nombreuses défaites l’oblige à conclure la paix en 421. La liberté religieuse fut alors proclamée.
Yazdguard II - Fils et successeur de Vahrâm V. Il voulut contraindre les Arméniens à embrasser le zoroastrisme pour les rattacher plus étroitement à la Perse et dut réprimer la rébellion qui en résulta. Il meurt en 457.
Kavâdh 1er - Roi de 488 à 531. Il favorisa la prédication de Mazdek, ce qui incita la noblesse à le déposer au profit de son frère Djâmasp en 497. Kavâdh parvint à s’échapper et se rendit chez les Hephtalites dont il épousa la fille du roi. Djâmasp lui restitua le trône. Kavâdh reprit la guerre contre Byzance, envahit l’Arménie et la Mésopotamie, mais il dut faire face à une invasion des Huns.
Khosroès 1er - fut le plus grand Roi de la dynastie Sassanide, celui qui porta l’empire à sa plus grande extension. Ses sujets lui décernèrent les épithètes d’Anôchak-Ravan «l’âme immortelle» et Dâdgar «le juste» ; son souvenir se perpétua dans les littératures arabe et persane. Sa politique d’expansion fut poursuivie par son petit-fils Khosroès II, qui rétablit les anciennes frontières achéménides.

La typologie

Les prédécesseurs Parthes n’ont pas frappé l’or. Chez les sassanides, vingt huit souverains frapperons monnaies dont douze seulement frapperont et en petite quantité le dinar d’or. Il existe également un rare monnayage de bronze, dont les exemplaires parvenus jusqu’à nous sont souvent très usés. Le monnayage sassanide est basé sur l’argent (toujours assez pur) et la monnaie centrale du système est la « drachme ». Elle pèse aux alentours de 4 grammes pour un diamètre d’environ 24mm à ses débuts mais s’accroit jusqu’à 30 voir même 34 mm sous Khosroès II (590-628). L’axe des coins est normalement à 90° (3h ou 9h). Les légendes sont rédigées dans l’alphabet « Pehlevi » dérivé de l’araméen, les textes sont lus de droite à gauche, comme en arabe moderne.

Ces drachmes représentent inlassablement le même type au droit et au revers. D’un côté figure l’empereur couronné et drapé à droite, vu de trois quarts en avant, avec la légende mentionnant le nom du roi autour. Les portraits sont plus ou moins réalistes mais ils ne nous permettent pas de distinguer le roi tel que sur les monnaies romaines par exemple, à défaut de savoir déchiffrer la légende.

Les autres valeurs sont la triobole ou ½ drachme et l’obole 1/6 de drachme. Certains souverains ont émis des tétradrachmes (4 drachmes) mais à faible teneur en argent. Des dinars d’or, au début de l’empire entre 7 g et 7,4 g mais par la suite s’aligneront sur le Solidus romain de 4,5 g environ, ne sont surtout que des pièces de prestige et ne servent que très peu à la circulation monétaire courante.

Les pièces de bronze sont très rares. De grandes pièces de 14 grammes (8 Chalkoi) sous Ardéshir 1er puis le diamètre diminue et après Shahpur II (309-379) les émissions deviennent exceptionnelles et commémorent principalement de grands évènements ou cérémonies spéciales.

Nous allons ici n’aborder que la description et l’identification des drachmes d’argent sassanides.
  ► Au droit l’élément distinctif est la couronne. Chaque roi possède son type de couronne, avec ses variantes, permettant une identification précise et un véritable classement scientifique combiné avec la représentation de revers (on utilise le tableau récapitulatif établi par R. Göbl répertoriant les couronnes des rois dans son Sasanian Numismatics). Certains rois peuvent avoir plusieurs couronnes différentes, mais elles leur restent propres car chaque couronne est créée spécialement pour le roi auquel elle est destinée lors de son investiture.

La présence d’un ou plusieurs grènetis peut permettre de dater les monnaies. Le monnayage n’emploie qu’un seul grènetis à sa création. Les double et triple grènetis apparaissent pour la première fois sous le règne de Shahpur II sur des monnaies de bronze uniquement. Il faudra attendre le règne de Khosroès II (591-628) pour voir le phénomène se généraliser au droit des drachmes. Mais avant l’emploi des doubles cercles, nous voyons apparaître à partir du règne de Kavad 1er (484-531), des éléments célestes tels que le croissant de lune ou l’étoile à l’extérieur du grènetis, disposés généralement à 3, 6 et 9 heures. Les portraits des rois successifs, tels qu’ils sont représentés, ne permettent pas d’affirmer précisément une datation mais la combinaison des éléments tels que la couronne, le ou les grènetis, les symboles célestes et légende (pour les plus avertis) forment des clefs de déchiffrage.

  ► Au revers, un autel du Feu (le Pyré) y figure toujours. On en distingue en gros trois types différents :
L’Autel du Feu avec flammes, les piliers soutenant l’autel sont des pates de lions, cette représentation ne se retrouve qu’au début de l’empire sous Ardéshir 1er.

L’Autel du Feu avec flammes et deux personnages placés de chaque côté, est l’évolution du type de l’autel dès le règne de Shahpur 1er le deuxième souverain. Les deux personnages représentent vraisemblablement l’un le dieu Mithra, l’autre couronné, le roi lui-même.En effet lors de son intronisation le roi allumait le feu sacré. Plus tard les deux personnages deviennent souvent identiques et schématisés, donc sans doute représentant deux prêtres gardiens, armés d’une épée ou d’un faisceau.

L’Autel du Feu avec un buste émergeant des flammes et toujours les deux personnages placés de chaque côté, notamment entre les règnes d’Hormazd II (303-309) et de Yazdgard 1er (399-420). Autour de cette représentation de revers apparaît à gauche la date de règne (à partir du règne de Péroz 1er, soit dès 459).

Cette représentation, est le seul type de revers de l’ensemble du monnayage sassanide, et illustre probablement une scène d’investiture. Cet autel peut avoir une signification dynastique mais n’oublions pas de souligner l’importance du feu dans la religion d’état qu’était le zoroastrisme. Trois feux étaient particulièrement vénérés : le feu consacré à l’État, le feu des guerriers ou feu royal et celui des agriculteurs. Un véritable service de prêtres était en place dont leur tâche principale était de veiller sur les feux sacrés et prendre garde qu’ils ne s’éteignissent jamais.

La typologie du droit

Les couronnes royales sont le meilleur critère de reconnaissance des souverains. En effet une nouvelle couronne est spécialement créée pour chaque nouveau roi, autour d’un emblème rappelant le Dieu qui est censé avoir favorisé l’investiture, très souvent Ahura-Mazda le dieu suprême du zoroastrisme. C’est pour lui que sont institués les feux sacrés selon un rituel assez complexe.

Mais il peut être fait appel à des dieux secondaires, Anahita, (Athéna ou Aphrodite par ailleurs), Mithra (Hermès), Verethragna, dieu de la Victoire. Vers la fin de la dynastie, lorsqu’il devient compliqué d’inventer de nouvelles variantes, on combine sur une même couronne les insignes de plusieurs dieux.

Cette couronne/coiffure est appelée « korymbos » et est donc bien distinctes pour chacun des rois sassanides. Elle consiste en un chignon relevé sur le sommet de la tête, dans lequel une partie des cheveux sont rassemblés pour former une boule, qui peut être enveloppée dans un tissu. Le chignon peut être également constitué de faux cheveux et agrémenté de rubans et attributs divers.

Voici quelques représentations dessinées issues de l’excellent ouvrage (en français) de Michel Moreaux « Les Monnaies des Souverains Sassanides », que je recommande chaudement à tous les amateurs de ce monnayage.

 

 

La typologie du revers

A partir du règne de Pérôz (459-484) on trouve à gauche de l’autel, l’année du règne. Cette apparition intervient entre la troisième et la huitième année, puis disparaît pour réapparaitre à la onzième année d’un de ses successeurs Kavadh Ier et perdurer jusqu’à la fin de la dynastie.

Les mentions des lettres définissant l’atelier suivent à peu près le même cheminement avec quelques variantes de disposition (au droit sur une drachme de Shahpur II).
Toujours issus de l’excellent ouvrage de Michel Moreaux « Les Monnaies des Souverains Sassanides », voici quelques tableaux avec des exemples de dates de règne :

Et des caractères définissant quelques ateliers de frappe :

Compte tenu de l’étendue du territoire sassanide, un grand nombre d’ateliers était employé à la frappe de la monnaie : plus d’une trentaine de cités dont nous pouvons citer à titre d’exemple Hamadan, Ispahan, Ahwaz, Bishapur, Yazd, etc. Malheureusement, nous ne connaissons rien des ateliers de frappe ; leur organisation interne devait probablement se rapprocher de celle des ateliers romains mais nous ne pouvons en être certains. La production de monnaies ainsi que le nombre d’ateliers semblent atteindre leur apogée lors du règne de Khosroès II (591-628) ; pour preuve, le nombre important de monnaies de ce roi que nous pouvons voir circuler sur le marché de nos jours.

Parfois c’est la province de frappe qui est mentionnée toujours pars un raccourci de lettres en lieu et place de celui de ville. De grande difficultés subsistent parfois tant l’écriture est particulièrement difficile à «décrypter» !

Quelques monnaies d’Ardéshir 1er …

En prenant la suite des Parthes Arsasides à la suite de la bataille en 224 dans la plaine d'Hormizdaghân en Susiane, la tradition rapporte qu’Ardéshir écrase lui-même de son pied la tête du dernier roi Artaban V. Il en épouse cependant une fille (ou une cousine) et se fait couronner "Roi des rois" à Ctésiphon (226).

Le portrait qu’il choisit de faire figurer sur ses premières monnaies fait toutefois grandement référence au style des vaincus ! L’inspiration en est clairement calquée sur la représentation du grand Mithridate II, qu’il considère comme son grand prédécesseur.

Importante différence, l’orientation du visage sassanide en sera pourtant toujours à droite, alors que celui les Parthes était majoritairement à gauche.

Drachme d’argent - Ø 24mm - 3,75g - Sellwood 10, Alram 220

Puis un style bien particulier et reconnaissable voit le jour sur les frappes suivantes.

La légende du droit peut se lire ainsi (sens inverse des aiguilles de montre) « l’adorateur d’Ahura Mazda, le divin Ardéshir, roi des rois de l’Iran, de la race des dieux ».

Au revers le feu d’Ardéshir

Un tel autel est le symbole usuel du zoroastrisme, et la légende « Feu d’Ardéshir » montre qu’il a une signification dynastique. Chaque roi, au moment de son intronisation allumait un feu sacré qui allait porter son nom.

Tétradrachme de billon - Ø 15 mm - 13,81 g. - Göbl pl. I, 5. Sellwood 7

Un tétradrachme de billon beaucoup plus rare que les drachmes d’argent avec le style de portrait « à la Mithridate II ».

Quelques monnaies de Shahpur 1er

Shahpur, dès le début de son règne affronte Gordien III puis conclut avec Philippe l’Arabe un traité très avantageux pour les Sassanides. En 260, lors d’une campagne contre les romains, il capture Valérien Ier et le tient en esclavage dans des conditions particulièrement sévères pour ce vieil empereur. Shahpur homme cruel, ses soldats le nommaient « le seigneur des épaules » en souvenir de son soucis de trouer l’épaule des ses prisonniers afin d’y passer une corde pour ne point en perdre un seul en route ! A Valérien, il lui réservait le rôle de marche pieds lorsqu’il montait à cheval !

Drachme d’argent - Ø 23 mm - 4,25 g. - Göbl 23, Sellwood 12

Le revers de ses monnaies voit l’apparition des deux servants entourant le pyré.

Hémidrachme d’argent - Ø 17 mm - 1,90 g. - Göbl 24 var.

De ses victoires, nulle trace sur les monnaies, mais de célèbres bas-reliefs les rappellent à Bishapur, à Naqch-e-Rostam et Naqch-e-Radjab près de la ville de Persépolis dans le Fars, en Iran.

Sur le rocher nord, le premier bas-relief montre Shahpur Ier sur son destrier. On distingue clairement la couronne, qui permet l'identification, et le korymbos.

Vahram 1er (273-276)

Après le court règne d’un an Hormazd 1er, fils de Shahpur, excellent général qui remporte de grandes victoires en Transoxiane (sud de la mer d’Aral), les causes de sa mort restent inconnues, un autre fils de Shahpur 1er Vahram 1er se distingue particulièrement par son intransigeance religieuse : Manichéens, Juifs et Chrétiens sont sévèrement persécutés pendant son règne.

Drachme d’argent - Ø 25 mm - 4,39 g. - Göbl 41 var.

Vahran II (276-293)

Buste couronné du roi et de la reine et petit buste affronté du prince, représentation exceptionnelle et unique de la famille royale sassanide.

Fils de Vahram 1er, Vahram II est confronté à une sourde hostilité entretenu par son oncle Narseh.

Drachme d’argent - Ø 27 mm - 4,51 g. – Sellwood 23

Sous Carus, les romains s’emparent de Ctésiphon, une des capitales et le roi Vahram II est dans l’obligation de signer une paix avantageuse pour les vainqueurs. L’empereur Carus péri lors de cette campagne, frappé par la foudre !

Narseh (293-302/3)

Après de nombreux complots, Narseh, un fils de Shahpur 1er arrive au pouvoir et reprend la guerre contre l’ennemi traditionnel. D’abord vainqueur de Galère en 296, il est battu l’année suivante et doit céder l’Arménie aux romains.

Drachme d’argent - Ø 24 mm - 3,57 g. - Göbl II/276, Sellwood 26, Mitch. ACW 855

Hormizd II (302/3-309)

Peu de choses connues du règne de ce fils de Narseh, hormis qu’il est très tolérant au point de vue des religions et milite pour l’arrêt des diverses persécutions religieuses.

Drachme d’argent - Ø 23 mm - 3,42 g. - Göbl I/1a83, Sellwood 27, Mitch ACW 864

Apparition au revers de certaines de ses monnaies d’un buste dans le feu du pyré. Il est difficile de préciser s’il s’agit d’une représentation royale ou divine ? Toutefois les deux servants sont ici à peu prêt semblables et aucune couronne de semble visible sur une des têtes !

Shahpur II (309-379)

Le règne de Shahpur II est l’un des plus longs (de 309 à 379 !) et selon la légende il aurait même été élu roi avant sa naissance.

Cette longue période est remplie de ses hauts faits d’armes, à la fois contre les romains et contre les arabes. Contre l’empire de Constantin il ne peut cependant rien faire. Les traités passés avec Jovien et Valens sont beaucoup plus avantageux pour l’empire sassanide.

Drachme d’argent - Ø 25 mm - 3,95 g. - Sellwood 28, Mitch ACW 879

Redevenu maître des provinces perdues, dont la ville de Ctésiphon qui lui consacre un palais, dit de Shahpur, encore très complet au 19e siècle, mais gravement mutilé par un tremblement de terre en 1880.

Son règne est également marqué par une reprise des persécutions contre juifs et chrétiens.

Au revers l’altar est surmonté du feu sacré d'où sort le buste du dieu Ahura Mazda à gauche. De part et d’autre deux gardiens armés tournés vers le feu et couronnés, l'arme levée en salut. Un texte sur l'altar : RAST (le juste), légende en pehlevi sur le pourtour. Cercle de grènetis.

Yazdgard I er (399-421)

Yazdgard 1er est décrit comme un modèle de souverain, populaire et généreux, tolérant avec les chrétiens et les juifs. Il ne tire aucun avantage des problèmes de l’empire romain confronté alors aux invasions germaniques.

Drachme d’argent - Ø 26 mm – 4,01 g. - Sellwood 41

La légende rapporte qu’il aurait été frappé au coeur par le sabot d’un cheval d’une très grande beauté. Plus prosaïquement il succombe sans doute à un assassinat !

Pérôz (459-484)

Fils de Yazdgard III, Pérôz passe une grande partie de son règne à lutter contre les Hephtalites. Dès 442, Yazdgard II fut déjà confronté aux Hephtalites. La situation était si sérieuse qu'il transfère sa capitale plus au nord, afin de pouvoir mieux répondre aux attaques de ces nomades. Son propre fils Pérôz 1er demande aux Hephtalites de lui donner des troupes afin de prendre possession plus rapidement du trône sassanide.

Hormizd III (457-459) autre fils préféré par Yazdgard II lui succède de façon ”normale”. Grâce à l'aide obtenue chez les Hephtalites, Pérôz 1er le renverse et devient le nouveau souverain (459-484). Pour les remercier, il leur cède le district de Taliqan, au sud-est de l'actuel Turkménistan. Il ne tarde cependant pas à entrer en conflit avec eux.

Drachme d’argent - Ø 29 mm - 4,07 g. – Göbl III/1175, Sellwood 49, Mitch ACW 982-983

Deux fois de suite, dans les années 460, Pérôz 1er est capturé par les Hephtalites. Chaque fois, une rançon est demandée pour sa libération. La première fois, elle est en partie payée par les Byzantins. La seconde fois, comme la somme demandée ne peut être rassemblée, Pérôz doit laisser son fils Kavadh en otage chez ses ennemis. Ils sont de si farouches guerriers que la simple mention de leur nom terrifiait tout le monde. Kavadh, cependant, ne fut pas maltraité durant ses quatre ans de captivité. Il eut droit à tous les honneurs et il épouse même la fille (ou la soeur) d'Akhshunvar, alors souverain des Hephtalites.

Pérôz est tué en 484 lors d'une nouvelle bataille contre eux. Sa mort entraîna un conflit interne chez les Sassanides. Kavadh s'empara du trône en 488, grâce aux Hephtalites ; il règne jusqu'en 531. Il fit de nouveau appel à eux quand il fut confronté au mouvement révolutionnaire des Mazdakites. En échange, les sassanides doivent encore céder des territoires, en plus d’un tribut à régler aux Hephtalites. Cette situation dura jusqu'au début du règne de Khosroès 1er (531-579) qui trouvera les arguments militaires pour calmer, temporairement ces remuants voisins.

Valkash (484-488)

Frère de Pérôz, il lui succède, mais après un règne de 4 ans, il est renversé par sa noblesse, lui reprochant de ne pas avoir su résoudre le problème et les soucis que représentent toujours les Huns Blancs !

Drachme d’argent - Ø 27 mm - 4,06 g. – Sellwood 50

Khosroès 1er (531-579)

Le règne de Khosroès 1er, un des fils de Kavadh 1er est sans aucun doute la période la plus brillante de la monarchie sassanide. Il est très attentif au monde et est un lettré amateur d’art et de science, essaye de se rendre disponible pour tous, marié à une chrétienne il se montre très tolérant dans le domaine religieux. Toutefois roi absolu, il fait quand même assassiné tous ses frères et même son oncle. La tradition le qualifie toutefois de bon, juste, équitable ! Alors …

Drachme d’argent - Ø 31 mm - 4,13 g. - Göbl 196

Coté militaire il arrive enfin a résoudre le problème récurant des Hephtalites et fin diplomate tient tête à Justinien.

C’est sur le droit de ses drachmes que l’on voit apparaître des symboles (croissants) pour limiter les rognes de métal.

La reine Bouran (630-631)

Bouran, la fille de Khosroès II, a été la première des deux seules femmes à monter sur le trône sassanide entre 630 et 631.

Drachme d’argent - Ø 30 mm - 4,37 g. - Göbl 229 – Sellwood 71

La seconde sera Azarmidukht, une autre fille de Khosroès II entre 631 et 632 (les monnaies de Bouran sont assez rares, mais celles d’Azarmidukht sont rarissimes !

Hormizd V (631-632)

Hormizd V « le juste » est un homme cultivé, tolérant et bienveillant pour le peuple, d’où de nombreux conflits avec la noblesse et le clergé.

Drachme d’argent - Ø 26 mm - 3,76 g. - Göbl I/1230, Sellwood 72, Mitch ACW 1245-1246

C’est sous son règne que trois étoiles s’ajoutent aux croissants à l’extérieure des bordures et ce dans une représentation symbolique astrale typiquement iranienne ;
- Les croissants étoilés symbolisent maintenant le xarnah, pouvoir royal mazdéen signant l’essence divine du souverain.
- Les triples points symbolisent Tištrya, divinité de la pluie fertile également associée à l’étoile Syrius.

Suite à ses soucis d’avec les élites et afin de légitimer son pouvoir, il demande à Azarmedûkht fille de Khosroès II de l'épouser mais celle-ci le trahit. Il est bientôt déposé et on n’oublie pas de lui bruler les yeux avant sa mise à mort. Un des fils d’Hormizd ne manquera pas de venger son père en faisant subir le même sort à l’infâme fiancée.

Khosroès V (631-633/4)

Fils de Khosroès II, il se réfugie chez les « Romains » dans la forteresse de Nisibis après avoir échappé au massacre des princes royaux ordonné par Kavadh II.

Drachme d’argent - Ø 30 mm - 4,03 g. - Göbl 232

Il est imposé sur le trône après le bref règne de sa soeur Azarmedûkht.

Yazdgard III (632-651)

Après cette période d’incertitude et de règnes sporadiques, monte sur le trône Yazdgard III, l’un des petits fils de Krosroès II. Mais au moment de son couronnement, les arabes entament leur expansion et le règne de Yazdgard III n’est rien d’autre qu’une lutte sans espoir contre un adversaire plus puissant que lui et que son royaume.

Drachme d’argent - année 4 - Ø 32 mm - 3,58 g. - Göbl type I/1

Après les défaites de Radisyya en 636 et de Nihavand en 642, le roi passe les dernières années de son règne à fuir devant les arabes.

Alors que les dynastes locaux du Tabaristan concluent des trêves avec les Arabes, il se réfugie à Merv dans l'extrême-est de l'empire, où il est assassiné à l'automne 651. Son corps, jeté dans une rivière et repêché par des paysans, est identifié et inhumé par Élie, l'évêque chrétien nestorien de Merv.

La tradition veut que l’une de ses filles ait épousé le fils du Calife Ali.

Les Gouverneurs Tabaristans (762-794)

Le Mazandaran ou Mazandéran appelé autrefois Tabaristan est une province du nord de l'Iran, délimitée par la Mer Caspienne au nord. Le Mazandéran était une partie de la province d'Hyrcanie au temps de l'Empire perse.

Hémidrachme d’argent de Muqatil - Ø 24,4 mm - 1,85 g. – Mitchiner ACW 1386

Le droit montre un buste de Khosroès II portant sa couronne surplombée d'une étoile et d'ailes divergentes, au sein d'un grènetis incomplet en haut doublé en dehors d'un grènetis complet. A la droite du buste, le nom Muqatil est écrit en Arabe. A la gauche, deux inscriptions pehlevis : Afzut (prospérité, force), doublé à gauche par x’arr (splendeur). Certains auteurs traduisent cela par "qui augmente la force". Hors grènetis, le quadrant inférieur droit porte la mention pehlevi 'apd ou afd (louange? excellent?) tandis que le quadrant inférieur gauche porte la mention nvak (bon ? bien ?) 3 croissants étoilés entourent le grènetis. Le revers montre un autel du feu orné d'un ruban double réduit à deux triangles, entre 2 gardiens très stylisés appuyés chacun sur son épée, avec à droite la signature de l'atelier TPWLSTN = Tabaristan, et à gauche, la date 138. Un triple grènetis entoure le tout, puis une alternance de 4 triples points et 4 croissants étoilés.

Il s'agit typiquement d'une monnaie de transition: Bien que le gouverneur soit arabe, il n'y a pas encore de mention religieuse islamique, la représentation figurée du grand roi, de même que les symboles zoroastriens tels l'autel du feu. La réforme monétaire arabe n'est pas loin, qui consacrera bientôt l'anicônisme, l'usage exclusif de l'Arabe, et bannira les symboles religieux antérieurs.

Tabaristans anonymes (780-794)

Hémidrachme d’argent anonyme - Ø 23,1 mm - 1,94 g. – Mitchiner ACW 1388

Le monnayage anonyme des gouverneurs arabes du Tabaristan est le dernier à représenter le type si caractéristique du monnayage sassanide.

Imitation par les Hephtalites (485-600)

Drachme d’argent, imitation de Pérôz - Ø 30,17 mm - 3,57 g. – Göbl 287

Ce monnayage sassanide, de bon argent, très prisé en son temps fut souvent imité, ici par les Hephtalites.


Cette présentation a été réalisée grâce aux ouvrages suivants :
Les Monnaies des Souverains SassanidesMichel Moreaux
Die Münzen der Sasaniden im Königlichen Münzkabinet Haag Robert Göbl
The Ancien and Classical World 600 B.C. / A.D. 650Michael Mitchiner
Etudes de Numismatique Iranienne Tomes I & II Malek Iradj Mochiri
An Introduction to Sasanian CoinsD. Selwood, P. Whitting & R. William

Repost0